
Les Spa-Classic 2025 ont tout de l’événement mythique et quand je dis mythique, je parle de ces événements où la pluie est presque une tradition, une sorte de personnage secondaire, comme une vieille amie dont on ne peut pas se débarrasser.
Ce n’était pas le soleil éblouissant ni l’effervescence d’un événement glamour. Non, cette fois, c’était une pluie épaisse et persistante, un brouillard humide qui s’infiltrait dans chaque recoin du paddock et glissait sur les carrosseries.
Chaque année depuis 13ans, l’événement transforme le légendaire circuit de Spa-Francorchamps en un musée vivant.
De la majestueuse Maserati MC12 aux GT des années 60, les paddocks s'animent au rythme des courses, tandis que la piste devient le théâtre de batailles épiques sous une pluie torrentielle digne du plus beau circuit du monde.
Et dans ce tableau où l’eau semble vouloir tout emporter, il y a une marque qui résiste, TVR.
Ces machines n'ont rien d’ordinaire. Elles sont aussi extravagantes que le disco dans les années 70 et aussi rebelles que le dernier album d'un groupe de Punk-Rock.
Oui, TVR est monté sur scène sous la pluie, comme un poing levé contre tout ce que la perfection moderne véhicule.
Cette année, les Spa-Classic lui ont rendu un hommage bien mérité : 60 ans de passion débridée, de carrosseries sculptées à la main et de moteurs prêts à vous arracher les tympans, le tout célébré à l’endroit même où TVR décrocha, il y a 20 ans, une victoire retentissante en GT2 lors des 1000 km de Spa.
Une célébration de l'artisanat et de l’audace.
Retour en image sur cet évènement hors normes !

Le paddock les pieds dans l'eau.
Il y a des jours où l’on se dit que l’univers a de l’humour.
Spa en mai ? Bien sûr qu’il va pleuvoir. Pas une pluie poétique ou romantique façon cinéma a l'eau de rose. Non. Une pluie froide, pénétrante, belge... Une pluie qui transforme chaque dalle de béton en patinoire, chaque chaussure en éponge et chaque planning photo en improvisation totale.
Mais c’est justement là que la magie opère.
Quand les GT1, les protos et les vieilles gloires se terrent sous les auvents, le paddock devient un théâtre d’ombres et de reflets. Les couleurs délavées par l’humidité prennent une autre intensité, les capots gouttent et les mécanos bossent tanto au sec tanto sous le déluge.
Loin du rugissement des moteurs, ce sont les détails qui prennent le dessus : un volant en bois, un badge griffé par le temps, une ligne de caisse qui capte la lumière comme une lame de rasoir.
C’est ici que le photographe devient cueilleur d’instants. Pas de baston en piste, mais une guerre silencieuse entre formes et textures.
Et franchement, qui a besoin de photos de piste quand un simple phare embué raconte déjà une histoire ?




La Grid Walk : une accalmie électrique.
On s’attendait à devoir naviguer entre parapluies dégoulinants et flaques capricieuses… et pourtant. Pas un rayon de soleil en vue, mais une sorte d’accalmie, presque complice. Juste ce qu’il fallait pour transformer cette Grid Walk en moment de grâce.
Le public a répondu présent compact, enthousiaste, appareil photo a la main et yeux écarquillés. Car les voitures, elles, étaient toutes là, alignées comme des divas avant leur entrée en scène. Maserati MC12, Audi R8, Courage, Saleen S7-R, Corvette ZR1… un casting digne d’un rêve.
Ce qui frappe, c’est l’ambiance. Pas celle feutrée d’un musée, mais une tension vivante, électrisante. Les moteurs sont tièdes, les regards affûtés et chaque détail de carrosserie semble plus saillant sous la lumière grise. On entend des exclamations à chaque badge, à chaque aileron, à chaque livrée.
Et même sans pluie battante, il y avait de l’électricité dans l’air. Comme si le ciel lui-même retenait son souffle avant de lâcher les fauves.





TVR : la rébellion en technicolor.
Et puis il y a eu TVR.
Dans un paddock saturé de carrosseries bien lisses, d’ailes soigneusement restaurées et de mécaniques réglées au quart de tour, elles ont débarqué comme un riff de guitare dans une pièce de violonistes. Les TVR n’entrent pas. Elles surgissent. Une Cerbera, une T350, une Tuscan, une Sagaris… noms de code pour amateurs de sensations fortes, comme des cocktails explosifs servis sans glaçons, sans couvercle et surtout sans filtres !
C’est que TVR n’a jamais essayé d’être raisonnable. Cette marque, c’est l’enfant terrible de l’automobile britannique, celui qui dessine d’abord un capot, puis se dit qu’il faudrait peut-être un moteur pour aller dessous. Pas d’ABS, pas d’ESP, parfois pas même d’airbags. En revanche, des peintures caméléon comme sorties d’un rêve de David Bowie, des échappements qui claquent, et un comportement routier... disons vivant !
Et sous cette pluie battante bien britannique, leur présence avait encore plus de sens. Les TVR ne cherchent pas la perfection aérodynamique ou l’adhérence maximale. Elles cherchent l’effet WOW.
À Spa, en 2025, TVR célébrait les 60 ans du club, fondé en 1965, et les 20 ans d’une victoire en catégorie GT2 aux 1000 km de Spa, comme une piqûre de rappel pour ceux qui auraient oublié que ces machines n’étaient pas que belles, mais aussi redoutables.
Elles n’ont pas volé la vedette. Elles l’ont réinventée...




Une autre approche.
Le paddock, c’était le vrai terrain de jeu.
Juste des voitures garées entre pluie et barnums et une lumière fade toute la journée.
C’est là que les mécaniques racontent autre chose que du chrono : des détails à gogo, des carrosseries rincées, des peintures qui prennent une autre dimension sous les gouttes.
On se faufile entre les gouttes et les échappements chauds, avec l’impression d’être au cœur du sujet au milieu des vraies autos, pas celles qu’on ne fait que voir au musée.
Pas besoin d’aller bien loin pour ramener des images fortes : ici, chaque mètre carré valait son pesant de matière, de textures, de caractère !
Le paddock, sous la flotte, c’était 80% de ma production photo.
Et franchement, c’était pas un mauvais plan.





Conclusion.
Les Spa-Classic 2025 n’ont pas été l’édition la plus flamboyante, ni la plus ensoleillée.
Mais elle a offert autre chose. Un circuit détrempé, des machines sans filtres, des passionnés qui n’ont pas peur de marcher dans les flaques pour voir une auto d’exception ou discuter de souvenirs.
Ici, la passion n’a pas besoin de lumière artificielle. Elle vit dans les gouttes sur les carrosseries, dans les mains pleines de cambouis et dans les regards qui brillent devant une auto qu’on pensait ne jamais revoir.
C’est ça, Spa, pas un décor, une scène. Une scène vivante où l’histoire de l’automobile continue de s’écrire, une pluie à la fois...
Quant à moi, je suis rentré trempé, un peu rincé… mais heureux !